En Pratique : Exposition « terre pied cime »
Dates et horaires
Du 23 novembre au 14 décembre 2024,
du lundi au vendredi, de 9h à 17h et le samedi 9h à 13h et de 14h à 17h.
Entrée libre et gratuite.
Vernissage, samedi 23 novembre :
15h : ateliers céramique et vannerie proposés par Stéphanie Marcenat et Jean-Marc Brotier, sur inscription
16h30 : goûter de saison.
Ateliers grand public : samedis 7 et 14 décembre, programmation à venir.
Lieu :
Halle de la mairie de Nontron
Place Alfred Agard, 24300 NONTRON
Contact:
Pôle Expérimental des Métiers d’Art de Nontron et du Périgord-Limousin
05 53 60 74 17 – contact@metiersdartperigord.fr
Les ateliers dans le cadre du vernissage du 23 novembre
Paysages de terre, atelier animé par Stéphanie Marcenat, céramiste
Stéphanie vous propose de vous laisser guider par les propriétés naturelles de la terre, ses couleurs, ses textures… Chaque participant.e créera son paysage à partir d’argile rouge, d’engobes pour les variations de couleurs, de sables, d’effets sgraffite… Laissez-vous surprendre par le champ des possibles ! Sans cuisson l’effet est déjà là.
Chaque participant repart avec sa création.
Atelier en accès libre, 6 participants à la fois, à partir de 6 ans.
Samedi 23 novembre, 15h-16h, Gratuit.
« Étoile en vannerie, atelier animé par Jean-Marc Brotier, vannier
Jean-Marc Brotier vous invite à découvrir le travail de l’osier en réalisant une étoile en vannerie. Une première approche du tressage et de la matière pour une réalisation esthétique et de saison avec l’approche des fêtes de fin d’année !
Atelier sur inscription uniquement, 10 participants, à partir de 6 ans.
Samedi 23 novembre, 15h-16h30, Gratuit.
Atelier tissage baltique et atelier céramique
« Tissage Baltique », atelier animé par Sylvie Lemal, tisserande
Sylvie vous initiera à cette technique qui permet notamment de tisser des motifs en relief. De l’ourdissage de la chaîne au montage final du tissage en bracelet ou en porte-clef, ces étapes n’auront plus de secret pour les participants. Vous repartirez avec votre réalisation et le kit outils (peigne, navette, support sangle dorsale tricotinée, notice explicative…) pour pouvoir continuer de créer à la maison !
Atelier sur inscription uniquement, 6 participants, à partir de 8 ans.
Samedi 30 novembre, 10h-15h, Gratuit (prévoir son repas)
« Sculpter la matière minérale », atelier animé par Céline Giry, céramiste
Novices ou initiés, venez pendant 2h donner corps à votre idée de sculpture. Céline, vous guidera techniquement (modelage, colombin, travail à la plaque…) pour réaliser votre projet. Argiles, engobes naturelles, matières minérales et votre imaginaire seront nos matières à créer. Vos œuvres seront à récupérer environ un mois et demi après l’atelier (temps de séchage et de cuisson).
Atelier sur inscription uniquement, 10 participants, à partir de 8 ans.
Samedi 14 décembre, 14h30-17h, Gratuit.
Dans le cadre du programme des résidences de recherche et de création coordonné par l’Agence Culturelle Départementale Dordogne-Périgord, le Pôle Expérimental des Métiers d’Art accueille des designers en résidence et voit naître des projets avec des professionnels métiers d’art du territoire.
L’exposition « Terre, pied, cime », présente, du 23 novembre au 14 décembre 2024 à Nontron, la démarche et les réalisations de la designer textile et coloriste Cécile Vignau lors de sa résidence « design et métiers d’art ».
Les travaux de Cécile Vignau synthétisent approche technique et scientifique, recherche historique et culturelle et sensibilité artistique. En résidence en Périgord-Limousin, elle débute par un temps de rencontres et d’enquête sur le territoire. À travers les paysages (terre, roches, végétaux, traces humaines anciennes, etc.), des recherches documentaires et la visite de différents ateliers d’artisans d’art, elle réalise une collecte de matériaux et d’objets inspirants, établissant des ponts entre différentes temporalités passées et contemporaines. L’exigence de la recherche se mêlant à la rencontre sensible guide la ligne directrice et les axes de création avec des professionnels des métiers d’art. Séduite par la simplicité exigeante de leurs productions de contenants utilitaires, Cécile Vignau choisit de collaborer avec la céramiste Stéphanie Marcenat et le vannier Jean-Marc Brotier. Lors de leurs premières expérimentations, des croisements fertiles s’établissent entre ses propres préoccupations et celles des deux artisans.
La céramiste et la coloriste, toutes deux « chercheuses de couleurs » passionnées se lancent dans la production, très ambitieuse, d’un objet-nuancier à la fois rationnel et artistique : une gamme chromatique composée de déclinaisons de terres et d’émaux. Elles voyagent dans l’histoire locale en employant du laitier de fonte ; elles embarquent leurs recherches bourguignonnes antérieures à base d’ocres et d’hématites avec l’accompagnement de l’entreprise Solargil ; elles expérimentent à partir des chutes produites dans les ateliers de leurs collègues menuisière et vitrailliste.
Le vannier et la designer textile explorent les points communs et les différences entre leurs pratiques respectives que sont le tressage (3D) et le tissage (2D). Le travail du bois, souvent caché en vannerie comme structure « invisible », a ici été questionné pour être révélé. Grâce à une collaboration étroite avec la Coutellerie nontronnaise, un travail formel de bois tourné adapté au tressage a été mis au point. Une sélection rigoureuse d’essences de bois s’accompagne de déclinaisons subtiles de couleurs et de motifs tissés en osier. Deux types de contenants complémentaires sont ainsi mis au point : un panier, invitant au glanage et au déplacement, et des claies de séchage, offrant un support idéal pour collecter, et conserver.
Cécile Vignau chine chez la galeriste slovaque Mirka G. un outil dédié au « modrotlač », technique textile d’Europe de l’Est, d’impression et de coloration à base d’indigo. Ce bleu traverse et relie les continents, et fait écho à la culture de persicaria tinctoria, à la frontière de la Dordogne et de la Corrèze. Inspiré par ce procédé universel de teinture, un contenant est imaginé, rassemblant deux formes simples produites dans les ateliers respectifs de la céramiste et du vannier : le cylindre « tourné » et le cercle « moulé » en osier.
Enfin, Cécile propose à la vitrailliste Maddy Sylla et à la menuisière Cécilia Klein de réaliser une pièce à la fois trace, ressource et mémoire de l’ensemble du projet. A partir d’une carte du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), cette autre pièce pointe les lieux, les personnes, les matériaux, les mouvements qui ont inspirés cette résidence.
Le titre « Terre, pied, cime », fait allusion à la terre comme matériau essentiel en céramique ; pied et cime, étant utilisés pour désigner des parties de l’osier. Il évoque également le cœur de cette résidence exemplaire oscillant entre geste et pensée, objet scientifique et objet d’art, ancrage vernaculaire et invitation au voyage.
LES ALCHIMIES MATÉRIELLES DE CÉCILE VIGNAU - Par Ida Soulard, docteure en histoire de l’art et curatrice.
Cécile Vignau, designer textile, concentre ses recherches sur la couleur et une approche renouvelée des matériaux et des savoir-faire. Enseignante à l’ENSAD Limoges, elle a entièrement réorienté l’atelier textile pour en faire un espace de création sensible à l’environnement. Teinture végétale, matériaux de récupération et économie de geste sont conjugués pour penser le textile dans un environnement élargi, à la fois économique et écologique. Elle a également co-créé le laboratoire « Chromoculture », un projet de recherche et de pédagogie centré autour d’un jardin de « plantes à couleur », permettant d’explorer la production de couleurs naturelles, de la culture des plantes jusqu’à l’exposition des œuvres ou prototypes.
En résidence de recherche et de création à Nontron, dans le nord de la Dordogne, au cœur du Périgord vert, dans le cadre d’un projet coordonné par l’Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord et le Pôle Expérimental des Métiers d’Art de Nontron (PEMA), Cécile Vignau explore les multiples facettes d’un territoire riche en savoir-faire et en matériaux bruts. En collaboration directe avec des artisans et de petites industries ouvertes à l’expérimentation – une céramiste, un vannier, une menuisière, une vitrailliste, une petite entreprise de coutellerie, entre autres – elle développe une pratique de design étendue et collaborative.
Design et territoire : vers une écologie créative
La recherche créative initiée à Nontron complexifie la notion de « territoire ». Pour Cécile Vignau, le territoire n’est pas seulement un espace géographique ou culturel, mais un écosystème dynamique, enrichi d’influences internes et externes. Plutôt que de le concevoir comme une entité figée à l’identité fixe, elle l’envisage comme un mille-feuille en perpétuelle reconfiguration. En témoigne sa cartographie en verre, qui combine une carte géologique avec des points et des lignes d’entrée et de sortie représentant tous les éléments utilisés dans son projet de résidence, intégrant visuellement les « lignes de fuite » et les dimensions hors champ. En écho aux réflexions du philosophe Gilles Deleuze, qui voyait le territoire comme « un acte », un geste, une action « qui affecte les milieux et les rythmes », Cécile Vignau fait du territoire un espace en mouvement, aux frontières fluides et à la géographie changeante, sensible aux cycles saisonniers et aux ressources locales. En travaillant dans cette région de la Dordogne, située entre des formations calcaires et granitiques, dans des paysages aux reliefs marqués, elle interroge la tension entre une mondialisation textile souvent destructrice – et qui a souvent marginalisé les pratiques artisanales – et la tentation d’un repli identitaire, qu’elle perçoit comme une fausse réponse aux défis contemporains. À travers cette démarche, elle cherche à redonner dignité et pertinence aux pratiques artisanales et textiles, en reconnaissant leur rôle central dans la construction d’une nouvelle sensibilité écologique résolument tournée vers l’avenir.
Deux grandes orientations du design contemporain abordent l’histoire des liens entre design et écologie, chacune sous une perspective bien distincte. La première, initiée par l’architecte, designer, inventeur et futuriste américain Richard Buckminster Fuller (1895-1983), s’oriente vers un contrôle étendu de l’environnement par la technologie. Buckminster Fuller conçoit la Terre comme un vaisseau spatial dont l’humanité serait le pilote. Pionnier d’une approche systémique, Fuller voyait la planète comme une entité à gérer par des moyens techniques globaux. Précurseur des projets de géo-ingénierie et de design environnemental, il considérait la Terre comme l’objet du design contemporain.
La deuxième orientation, inspirée par les idées de Victor Papanek (1923-1998), prend forme avec son ouvrage manifeste Design pour un monde réel (1971), qui plaide pour un design engagé en faveur de la durabilité et de la conscience écologique. Papanek critique ouvertement l’obsolescence programmée et la destruction des ressources naturelles, prônant un retour à des pratiques modestes, accessibles et ouvertes. Son approche valorise l’utilisateur comme acteur créatif et engagé dans le processus de fabrication. Son œuvre anticipe les mouvements actuels du design open-source et circulaire, qui visent à rendre le consommateur plus autonome et à simplifier le cycle de vie des objets, dans une logique de partage et de transmission.
Le travail de Cécile Vignau s’inscrit davantage dans cette seconde tradition, où l’objectif n’est pas simplement de rendre l’objet écologique, mais de repenser l’ensemble de la chaîne de production et de consommation selon une approche plus contributive, collaborative et partagée. S’inspirant également des artistes des avant-gardes textiles modernes (Anni Albers, Sophie Taeuber, Sonia Delaunay entre autres), elle met en valeur un design en dialogue direct avec les matériaux, privilégiant un regard tactile, et une fonctionnalité esthétique.
Le panier : pour de nouveaux récits
Lors de sa résidence, Cécile a rencontré divers artisans et artisanes aux savoir-faire uniques. Ces échanges, guidés non par des besoins spécifiques mais par une approche intuitive, visaient à se laisser surprendre et à collaborer avec des créateurs et créatrices partageant un désir d’expérimentation avec les matériaux. Son projet a pris forme au fil des collaborations, notamment avec le vannier Jean-Marc Brotier et la céramiste Stéphanie Marcenat.
Aux côtés de Jean-Marc Brotier, elle observe la culture de l’osier, ses propriétés mécaniques, et les gestes ancestraux de la vannerie, un art autrefois omniprésent (avec environ 30 000 vanniers au début du XXe siècle) mais désormais rare en France, ne comptant plus qu’une centaine de praticiens et praticiennes. Ce savoir-faire, mis en retrait avec l’urbanisation, l’industrialisation et l’arrivée de nouveaux outils comme les cagettes en peuplier, nécessite peu d’outils, mais demande une grande patience, du temps et de l’investissement. Ensemble, ils explorent comment cette technique simple et universelle raconte l’histoire d’un territoire, de ses usages agricoles, et de son évolution. Les vanneries, avec leur structure à la fois souple et solide, dialoguent avec son travail textile tout en le déplaçant. Ensemble, ils créent des paniers aux formes sobres et épurées, ramenant l’objet à un « type » : non plus un, mais le panier incarné dans deux modèles, le premier en osier blanc et le second en osier noir. Ils expérimentent ensemble la teinture d’indigo sur osier blanc. L’indigo, le bleu roi dont les teintes peuvent varier du bleu léger au bleu-noir ou tirer sur le violet/vert en fonction des matériaux teints, est cultivé sur le territoire par Lucinda Cooper, agricultrice en bio. Après sa culture, la plante est compostée (sukumo) et permet de réaliser des bleus profonds dans des cuves à fermentation, grâce à une technique japonaise ancestrale maîtrisée par la teinturière Betty de Paris. Un panier peut raconter bien des histoires.
L’écrivaine Ursula K. Le Guin, dans un essai de 1986 « La Théorie de la Fiction-Panier », propose une histoire alternative des origines de l’humanité. Elle critique « le mythe du héros » soutenu par les découvertes archéologiques – armes, outils en métal ou en pierre – et leur mise en fiction, notamment par le cinéma hollywoodien. Le Guin suggère que le premier « équipement culturel a probablement été un récipient », un contenant, une structure simple capable de recueillir les éléments de la cueillette. Or, cette histoire-là, celle qui pourrait se raconter à partir des fragments retrouvés d’un panier, d’un tressage, d’une fibre reste encore largement à écrire.
Les paniers co-conçus par Cécile Vignau et Jean-Marc Brotier ont les qualités de ces nouvelles histoires : des formes simples, universelles, traversant les cultures et qui rappellent la puissance fictionnelle et l’importance de ces pratiques artisanales souvent négligées.
Glanage et composition étendue
Parallèlement, Cécile Vignau collabore avec la Coutellerie nontronnaise pour réaliser des inserts en bois, qu’elle colore elle-même ou avec l’aide de Betty de Paris. Reconnue pour son savoir-faire, cette coutellerie qui fait la renommée de Nontron travaille à partir d’essences locales, dont le buis, un bois dense autrefois courant dans la région, et d’essences exotiques. L’acquisition récente d’une fraiseuse numérique, pour optimiser une des étapes de façonnage des manches, permet à Cécile Vignau de réaliser des inserts, introduisant ainsi un fragment du monde industriel dans le domaine artisanal. Les inserts, généralement dissimulés dans la vannerie, ne se cachent plus, mais se révèlent avec audace. Elle se positionne alors en médiatrice, associant le savoir-faire de Jean-Marc Brotier à celui de la coutellerie, pour créer des objets d’exception.
Elle collabore également avec Maddy Sylla, vitrailliste installée à Nontron et qui a repris, en 2023, l’atelier Martin LG, un atelier de vitraux d’art spécialisé dans la restauration et la création de vitraux, après une formation à la Maison du Vitrail à Paris. Cécile Vignau explore le potentiel des chutes et des déchets de l’atelier en travaillant à partir des fragments de verre colorés laissés de côté à l’atelier. Elle y travaille la couleur à partir d’un procédé expérimental : poser des petites chutes de verre coloré sur des plaques de grès blanc directement mises au four à céramique. À la suite de ces tests, le bleu est retenu pour créer des émaux d’une forte densité colorée. En partenariat avec l’ENSIL-ENSCI à Limoges, et en particulier avec son centre de céramique industrielle, les morceaux sont broyés par des machines de l’école, afin d’obtenir une couverture colorée régulière.
Elle travaille aussi la couleur avec les rebus de châtaignier, essence de bois majoritaire dans la région, provenant de l’atelier de menuiserie de Cécilia Klein. Ces chutes, une fois brûlées et tamisées, sont testées pour créer des émaux.
Ainsi, chaque objet contient les traces de ce réseau étendu de collaborations, de dialogues, et de pratiques de glanage et de récupération. Ce réseau, fondé sur des relations symbiotiques et mutualistes, permet à chaque partenaire de bénéficier de l’association. Le design de Cécile Vignau se façonne par la rencontre des matériaux, les expérimentations successives et le processus d’essais et erreurs, tout en intégrant une dimension sociale et relationnelle.
Mondes chromatiques du futur
Le dialogue avec Stéphanie Marcenat s’inscrit également dans cette démarche. Depuis plus de six ans, cette céramiste se consacre à la recherche de couleurs non toxiques, en veillant à réduire au maximum l’impact environnemental de son processus de fabrication. Dans son atelier, elle compose progressivement un nuancier à partir de cendres, d’argiles et de craies, qu’elle qualifie de “matières de rencontre”. Son territoire, riche en oxyde de fer, offre un large nuancier de jaune et de rouge, rappelant les premières traces colorées retrouvées dans la région. La géologie joue ici un rôle clef.
Dialoguer avec des matériaux organiques comme l’osier, et inorganiques comme les argiles, connaître les spécificités géologiques du territoire dans lequel elle s’inscrit et les matériaux qu’offre celui-ci fait partie intégrante du processus de travail. Leur collaboration ouvre à une recherche de couleurs et la construction pour Cécile Vignau d’un nuancier à échelle semi-architecturale qui pourrait tenir lieu de palette pour le monde chromatique à venir.
Ce monde chromatique n’est pas un monde réduit, mais augmenté par une approche raisonnée des matériaux bruts et des réseaux de collaboration. Parmi ces éléments de couleur et les techniques utilisées pour les extraire, on retrouve le glanage de « laitiers », résidus de fonte et marqueurs d’une histoire du territoire, transformés en poudre par l’école ENSIL-ENSCI de Limoges ainsi que les argiles et les craies glanées et travaillées par Stéphanie Marcenat. De l’ocre jaune et de l’hématite (rouge) sont extraites dans la carrière des Beaux-Arts à Saint-Amand–en–Puisaye par l’entreprise Solargil, également partenaire du projet. Utilisé pour colorer le buis de la coutellerie, le réséda des teinturiers, plante tinctoriale cultivée en Europe pour ses propriétés de coloration jaune est produit en Poitou-Charentes et transformé en pigment par un procédé développé par le laboratoire du CRITT Horticole de Rochefort. Enfin, le travail de l’indigo par Betty de Paris, inspiré de méthodes japonaises, enrichit encore davantage la palette de couleur.
Ainsi, Cécile, et ses collaboratrices et collaborateurs n’ont en rien une vision nostalgique des gestes artisanaux, mais valorisent au contraire leur capacité à s’hybrider et à se renouveler face aux défis écologiques et sociaux. Ils intègrent pleinement une approche collaborative, d’engagement direct avec les matériaux, qui est essentielle à tout travail de recherche–création.
Quel statut pour les objets ?
Cécile Vignau applique sa « pensée textile » à un design étendu à d’autres matériaux. Les textiles sont des « technologies du temps », témoignent d’un passé de techniques millénaires transmises tout en étant des objets privilégiés des nouvelles économies mondialisées. C’est au cœur de cette ambiguïté des matériaux que Cécile évolue, en privilégiant une approche par le « faire ». Les textiles possèdent une existence double, à la fois naturelle et synthétique, et sont d’excellents transmetteurs de mémoire, portant en eux une histoire matérielle des lieux.
Les objets qu’elle conçoit sont bien des pièces de design soigneusement pensées pour être fonctionnelles. Ils oscillent entre prototypes et objets spéculatifs, glissant entre les catégories et franchissant les frontières entre art, artisanat et design. Ces créations sensuelles et tactiles s’inscrivent également dans une époque où nos sensibilités s’élargissent. Leur chaîne de production témoigne d’un rapport renouvelé avec l’environnement, tant organique que inorganique, social et économique. Dans un monde conscient de ses limites, ces créations s’opposent à l’extraction mortifère des ressources. Ce qui permet de faire passer un objet d’un statut à un autre – du design à l’art, de l’artisanat au design – réside dans l’attention créative accordée aux matériaux, l’expérimentation partagée, et dans des réseaux de collaborations qui refondent intégralement la chaîne de production.
Avec les créateurs :
Stéphanie MARCENAT – atelier mars – céramiste, Jean-Marc Brotier – vannier
et la participation de la Coutellerie nontronnaise, Cécilia Klein – menuisière, Maddy Sylla – vitrailliste et Betty de Paris – teinturière.
La résidence design et métiers d’art à Nontron est organisée dans le cadre des Résidences de recherche et de création en Dordogne, coordonnées par l’Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord. PARTENAIRES : Ministère de la Culture / DRAC Nouvelle-Aquitaine, Conseil départemental de la Dordogne, Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine, Pôle Expérimental des Métiers d’art de Nontron, Communauté de communes du Périgord Nontronnais et Agence culturelle Dordogne-Périgord.
La résidence de Cécile Vignau bénéficie du soutien de Solargil.
Merci à la Scierie Dubarry (M. Douchet) de Saint-Martial de Valette pour le prêt des palettes pour la scénographie de l’exposition.
Tout savoir sur les résidences design et métiers d’art :
https://metiersdartperigord.fr/residences-design-metiers-art/ – www.culturedordogne.fr